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Le pragmatisme, un fléau dans le rap français

  • lerappelmedia
  • 9 mars 2020
  • 4 min de lecture

Ah le rap français... Cet art somptueux qui ne cesse plus de nous surprendre au cours de ces 25 dernières années. Malheureusement pour lui (et pour nous, le public), nous avons le droit à de plus en plus d'uniformité, des albums semblables. En bref, les artistes deviennent pragmatiques mais que signifie cette appellation ? Nous allons essayer d'expliquer ce terme ainsi que ses causes.

En effet, les auditeurs ne sont plus surpris par les albums de nos têtes d’affiche. La prise de risque de nos artistes confirmés est quasi inexistante, et avant de tenter d'expliquer le pourquoi du comment, voici des exemples d'albums plats et peu audacieux. Mr Sal de Niska, Destin de Ninho, Ma ruche de Hornet La Frappe, ou encore Zone 59 de Gradur. Sur ces albums tout est réuni. Les artistes restent dans leurs zones de confort, au niveau des sonorités abordées et des rappeurs invités sur le projet. On a le droit à quasiment les mêmes albums, avec les mêmes ambiances, toujours dans la tendance actuelle.


Voici des sons issus de chaque album (Spoil : ça se ressemble beaucoup (trop)) :

Ma racli - Hornet / Juste une minute - Gradur / Medicament - Niska / Putana - Ninho



Lors de leurs promotions d'albums les artistes prônent souvent le fait d'avoir fait un album tout public, donc souvent composer des mêmes types de musiques.

A contrario d’une époque où un Booba sortait un 0.9 risqué après avoir fait largement ses preuves en solo sur Temps Mort, Panthéon et Ouest Side, ce fut un défi périlleux de sa part, qui a mit du temps à se faire une place dans la haute sphère des albums français.

La prise de risque disparaît peu à peu, une de ces causes pourrait être due aux enjeux économiques énormes que représente ces artistes pour les labels, les maisons de disques et toutes autres industries ayant placé des capitaux en eux.


Les têtes d’affiches ont donc trouver leur recette. De ce fait, ils vont alors moins prendre de risques sur leur albums suivants. Cela peut nous paraître logique certes, mais ce phénomène qui perdure et s’applique à la plupart de nos têtes d’affiche va donc rendre leur album prévisible et sans vraiment intérêt puisque ces derniers ne vont rien apporter d'innovant au rap. La qualité est toujours présente mais le public a donc l’impression d’écouter les mêmes sons sur chaque album et même pire les sons se confondent sur certains albums, trop de ressemblance. S’ajoute à cela les mêmes rappeurs invités sur les projets, (Ninho, Koba la D, Heuss L'Enfoiré notamment) qui sont les plus flagrants sur l'année qui vient de s’écouler.

Le résultat est alors souvent le même, on a le droit à des albums génériques, qui se ressemblent dans leur globalité.


Prenons l'exemple de Sadek avec Johnny de Janeiro, paru en 2018, la prise de risque était réelle, il a tenté d'allier le rap à la funk brésilienne. Ajoutons à cela une cover très audacieuse qui a fait son effet, tout comme VVRDL au final.

Ce fut un pari très risqué de sa part, mais pari réussi dans l'ensemble, même s'il fut très critiqué par une partie du public à sa sortie.



En effet le pragmatisme dans ce milieu est en partie du à l'auditoire réfractaire depuis toujours dans le rap français, comme dit précédemment pour Booba avec 0.9 ou même plus généralement avec l'arrivée de Jul sur le devant de la scène en 2014/2015 avec Sors le cross volé, Briganté ou encore Dans ma paranoïa, les critiques et les railleries n'étaient pas orphelines. Au fil du temps, les remarques sur ces artistes et sur cette "nouvelle forme" de rap ont perduré mais les certifications, les salles remplies et les millions (voire milliards) de vues ont prouvées que le public met du temps à s'adapter à un nouveau courant musical, mais lorsqu'il reconnaît la qualité et le courage de l'artiste ayant pris un risque, les disques de platine et de diamant pleuvent.

Cependant un artiste au sens propre, est quelqu'un capable de créer en apportant sans cesse de nouvelles choses, de nouveaux flows, refrains.

Et la plupart de nos têtes d'affiches ont beaucoup de mal à se renouveler ou à innover.


Attention ce ne sont de mauvais albums, même ce sont de bons projets. Mais ces projets restent prévisibles donc moins pertinent et se réécoutent peu. Les morceaux ont une durée de vie plus courte car ils se ressemblent tous.

Ce phénomène rend d'autant plus appréciable les rookies qui arrivent plein de fraîcheur avec leur univers, comme le font Diddi Trix, Zola, Gambi, Kaza, Larry, Freeze Corleone et pleins d'autres encore. Ces jeunes rappeurs ne sont pas conformisés, ils font la musique qu'ils aiment sans trop se soucier des avis des auditeurs et c'est clairement ce qui rends leur musique plaisante.


Récemment Mister V a sorti son deuxième album. Et sans rien enlever au talent de Mister V, on s’aperçoit que si on connaît bien les codes du rap actuel et les recettes, il est possible de réaliser un bon album de rap en étant pas du tout du métier. Son album est bon, il est totalement dans la tendance actuelle. Il a su bien s'imprégner de ce qu'il se fait et reproduire tout ça sur son projet.



Merci à @MouataLePlug (Twitter/Instagram) pour l’illustration.

 
 
 

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